Le 15 janvier, nous arrivons à Cabanaconde après 7h de bus. Imaginez un peu notre état alors qu’on nous en avait annoncé 3-4… Le tout pour 220km… La bonne blague !

On tourne un peu dans le village sous la drache pour repérer notre hôtel. Ah, le voilà enfin, “Arum Qurpawasi” ! On s’installe rapidement dans l’hôtel, puis on décide d’aller manger un bout dans le village. Il pleut des cordes depuis le moment où on a posé le pied hors du bus, et ce sont de vrais torents qui se forment dans les rues de Cabanaconde. Heureusement, on est bien équipés !

Après un bon repas (pour un total de 22 soles, soit l’équivalent de 5,5€ pour nous deux!), on retourne à l’hôtel, et on ne tarde pas à aller se coucher… La journée a été épuisante mine de rien, et puis 3 jours de marche nous attendent !

Premier souper à Cabanaconde – sans doute la 1ère fois que l’on mange de l’alpaga (sans le savoir)

Jour 1 : Cabanaconde – Llahuar (16/01/19)

Malgré un réveil quelque peu inattendu (travaux de construction dans l’hôtel dès 6h30…), nous sommes de super bonne humeur, tous les deux prêts à attaquer 3 jours de trek dans le Canyon du Colca !

Aujourd’hui, nous devons relier Cabanaconde à Llahuar, ce qui représente environ 12km de marche. Les paysages sont complètement dingues, le temps est magnifique, l’ambiance entre Tim et moi est parfaite, on se marre et on discute beaucoup, … <3

Trek du Colca – jour 1

Cette première journée est vraiment extraordinaire ! En plus, ce n’est que de la descente, facile ! 😀 A un moment, on se dit quand même que tout ce qu’on en train de descendre, on devra le remonter pour retourner à Cabanaconde… Mais comme ce n’est pas pour tout de suite, on ne s’en tracasse pas plus que ça. Aurait-on dû? 😉

On arrive donc à Llahuar vers 14h30, après 4h de marche. Llahuar, c’est un endroit magnifique avec des petites cabanes très simples comme logements, et où il y a des piscines d’eau chaude naturelle le long de la rivière. Le pied après une journée comme celle-ci !

Notre petite cabane à Llahuar, à une volée d’escaliers des bains d’eau chaude.

Vers 17h, on décide de sortir de l’eau pour aller se doucher et se poser un peu avant le repas. On se fait évidemment DEVORER par les moustiques, alors que 50m séparent les bains de notre chambre. Mais bon, on pourrait presque dire que ça en valait la peine ! 😉 A 19h, on monte déguster notre très bon repas : alpaga, échalotes, tomates, riz et… frites ! 😀 Un classique, ici au Pérou.

Il est (seulement) 20h30 quand on va se coucher mais là… PANIQUE ! Alors que j’enfile mon pyjama, je vois une bestiole bouger sur le mur derrière Tim… Il se retourne pour regarder de plus près… M*****, c’est un SCORPION !!! L’incroyable et vaillant Tim parvient à garder la tête froide, s’empare de la poubelle, la vide, prend un paquet de biscuit vide en guise de “poussoir” et pousse le scorpion dans la poubelle. Ni une, ni deux, il balance le scorpion dehors, loin de notre petite cabane… Je ne sais pas comment il fait, mais moi j’étais bien moins tranquille que lui… Moi qui avait étalé mes affaires un peu partout (comme d’hab? Hihi), je décide alors de tout ranger et de tout empaqueter dans mon petit sac à dos pour qu’aucune bête ne puisse y rentrer. Brrrrr, j’en ai des frissons ! On comprend mieux pourquoi le lit n’est pas tout à fait accolé au mur…

Avec tout ça, je ne suis pas dans les meilleures conditions pour m’endormir paisiblement… Mais je finirai tout de même par céder, la fatigue de la journée prenant facilement le pas sur moi 🙂

Jour 2 : Llahuar – San Juan de Chuccho (17/01/19)

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Tim <3 <3 <3 Il fête ses 30 ans dans le Canyon, c’est pas un anniversaire de folie, ça? 😀

Le réveil sonne à 7h20, la nuit n’a pas été terrible… On s’est tous les deux réveillés plusieurs fois (notamment une fois à 23h30 où, pensant qu’il était tard dans la nuit, je lance un “bon anniversaire” à Tim, qui me répond un peu désespéré “Il n’est que 23h30…” -> On se met à rire :D). On déjeune à 8h et après plusieurs passages aux WC (super…), on se met en route vers 9h30. Petit hic, après avoir payé l’addition du Llahuar Lodge, on se rend compte qu’il ne nous reste que 55 soles, pour la journée, le soir, et la journée du lendemain… Ouille… On ne s’attendait vraiment pas à ne pas pouvoir payer par carte dans le Canyon ! On va devoir négocier et se serrer la ceinture…

Commence alors la partie un peu plus difficile du trek pour relier Llahaur à San Juan de Chuccho : 3h de montée, suivie de 1h de descente légère puis 1h de bonne descente pour arriver à destination. Pendant la montée, on a le choix : soit on prend un chemin plus long mais qui monte plus doucement, soit on prend un chemin plus court mais assez intense à monter. On choisit la deuxième option (on est des malaaaaaaades), et on en chie… Enfin, surtout moi… C’est dur, vraiment dur, on est trempés de sueur. Mais heureusement, ça ne dure pas encore trop longtemps (une grosse demie heure, peut-être). Arrivés en haut de la montée, on a super soif… Mais il ne nous reste que 55 soles seulement… On tente alors d’avoir un maximum d’eau pour 5 soles. On obtiendra au total 1,65l, c’est déjà pas mal… Mais il ne nous reste plus que 50 soles du coup… Oups !

Trek du Colca – jour 2 (pendant la montée “courte mais intense”…)

La montée est encore longue, mais beaucoup moins raide, et on peut facilement voir le chemin par lequel on est descendus la veille, c’est assez impressionnant ! Après encore une heure de montée, la route commence enfin à descendre. Bonheur ! On traverse alors deux villages, dans lesquels on décide encore d’acheter de l’eau… Pour ne pas payer un pont la bouteille d’eau, on explique tout de suite notre situation financière à la vendeuse, qui accepte rapidement de nous vendre une grand bouteille de 2,5l pour 7 soles. Il faut dire que le prix est justifié par le fait que l’eau doit parcourir de longues distances avant d’arriver ici… Elle nous explique même qu’à San Juan de Chuccho les prix atteignent parfois 15 soles pour la grande bouteille d’eau… Gloups… Et dire que le moins cher qu’on ait payé depuis le début du voyage c’est 4 soles… Après cet achat d’eau plus qu’utile, il ne nous reste donc plus que 43 soles !!!

Une heure et demie plus tard, nous arrivons enfin à San Juan de Chuccho, et nous choisissons de loger chez Gloria, qui nous avait été chaudement recommandée. En arrivant, nous lui expliquons tout de suite notre situation financière très compliquée. “Il ne nous reste plus que 40 soles pour le logement de ce soir et l’eau pour la journée de demain.” “Quoi?! Vous n’allez pas manger???” nous dit-elle. On lui explique que pour nous, il est plus important d’avoir de l’eau en suffisance pour la montée de demain, que de manger… Elle nous prend alors un peu en pitié : le lit sera à 10 soles/personne (soit 2,5€ par personne), les bouteilles d’eau à 8 soles au lieu de 15, et elle propose de nous offrir la soupe de légumes pour le repas du soir (normalement la soupe et le plat sont à 5 soles/personne, mais on n’a vraiment pas assez d’argent…). A deux conditions : ne pas en parler aux autres touristes présents en même temps que nous chez elle, et recommander son établissement à un maximum de personnes. Nous sommes vraiment touchés par sa gentillesse (<3), et nous engageons à respecter ces deux conditions !

Notre chambre chez Gloria (porte de droite).

Quelle drôle d’expérience de ne pas avoir suffisamment de sous pour pouvoir s’acheter le minimum nécessaire à notre confort (eau, repas, petit-déjeuner)…

Après une bonne douche, nous filons nous coucher pour nous reposer, car la journée fut assez physique et éprouvante. Nous nous réveillons à 17h45, complètement dans le gaz… La soupe et le thé nous seront servis à 19h, en même temps que les autres convives qui eux, profiteront pleinement de leur repas (sans pour autant connaître notre situation).

Il n’est que 20h quand nous allons nous coucher, mais nous devons absolument nous reposer pour la journée du lendemain. Après la mésaventure de la veille, nous faisons un rapide check sur les murs… M******, ENCORE UN SCORPION !!! A nouveau, l’incroyable et vaillant Tim garde la tête froide et réfléchit à la stratégie à mettre en place pour se débarrasser de la bête, étant donné qu’il n’y a pas de poubelle dans la chambre. Il s’arme d’une bouteille en plastique vide, l’ouvre et fait tomber le scorpion par le goulot. QUEL HOMME <3 (Pour rappel, c’est toujours son anniversaire de 30 ans :p) On laissera la bouteille dehors pendant la nuit histoire de pouvoir montrer notre victime aux autres touristes, à qui on avait déjà raconté notre aventure de la veille. On va dire que je commence à me faire à la présence des scorpions dans notre chambre… Par contre, le lit n’est vraiment pas confortable : il penche complètement vers le milieu, je sens que la nuit ne va à nouveau pas être dingue… Bonne nuit (quand même) !

Jour 3 : San Juan de Chuccho – Cabanaconde (18/01/19)

Nous nous réveillons à 6h du matin. Tim décide de se recoucher, moi, impossible… J’appréhende trop la journée qui s’annonce… Je me prépare, range mes affaires et en profite pour écrire le récit de nos aventures dans mon carnet. A 7h15, il se réveille, se prépare et range ses affaires. Nous allons alors voir Gloria pour lui régler ce qu’on lui doit : 36 soles au total (20 pour le logement et 16 pour les 2 grandes bouteilles d’eau). Elle nous indique alors un raccourci (30 min de moins) qui devrait nous mener au pied de la montagne à gravir. Chouette, on va gagner du temps ! Sauf que… nous avions mal compris son raccourci, et impossible de trouver le sentier dont elle parle. Après une heure, nous voilà de retour chez elle. #Losers Elle nous ré-explique alors le chemin à suivre, puis nous nous remettons en route.

Là, je craque un bon coup. M**** quoi, on vient de perdre une heure de temps, mais surtout une heure d’énergie super précieuse au vu de la journée… Tim parvient à me faire retrouver le sourire assez facilement, il sait quand même y faire, celui-là… 🙂

Nos têtes après une heure perdue à ne pas trouver le raccourci… Grrrr!

Après 20 minutes de marche, nous voilà arrivés au pied de la montagne. C’est là que commence notre “montée” aux enfers…

On fait des pauses régulièrement car il fait déjà vraiment chaud (alors qu’il n’est que 9h). Tim pourrait aller plus vite que moi, mais moi je galère assez bien… Surtout qu’on n’a pas déjeuné et qu’on est rationnés sur l’eau !

Au bout d’une bonne heure, alors que nous sommes déjà assez fiers de ce que l’on vient de monter, on croise des touristes qui nous annoncent que le sommet est encore assez loin, à au moins 1h30. Je suis complètement désespérée en voyant cette montagne qui n’en finit pas… Un peu moins d’une heure plus tard, on croise d’autres touristes, notamment un Français d’une cinquantaine d’années, guide de montagne dans le Vercors. Il nous file quelques conseils (Tim doit se placer derrière moi, on doit prendre notre temps, …) et nous passe même un peu d’eau. D’après lui, il nous reste encore 4km à monter. Quel enfer…!!! :'(

Comme conseillé, Tim se place derrière moi et on continue cet enfer d’ascension à notre aise. A un moment, je vois un énorme nuage tout noir se diriger droit sur nous. Il faut absolument que l’on avance si on ne veut pas en subir les conséquences… Heureusement, quelques minutes plus loin, on aperçoit un petit cabanon et un gros caillou sous lesquels on peut s’abriter le temps de l’averse. Quelle chance ! A ce moment-là, on ne savait pas encore que le pire était à venir…

Dans un premier temps, on décide de s’abriter tous les deux sous le gros caillou. Cependant, Tim est moins couvert que moi alors qu’il se met à pleuvoir assez fortement… Il décide donc de se mettre sous la cabane. Ce n’est pas une simple averse, c’est un véritable déluge ! Alors que l’orage fait rage, Tim m’explique qu’il se sent vraiment mal… Moins de quelques secondes plus tard, il vomit ! Quel enfer !!! Je ne peux pas le laisser tout seul, je quitte alors le caillou qui me servait d’abri jusque là et le rejoins sous la cabane en quelques pas. Alors que nos limites sont déjà mises à rude épreuve, des éclairs tombent à plusieurs reprises juste à côté de nous (une fois devant nous et une fois à notre droite). Je suis complètement paniquée, je hurle, je pleure, je n’en peux plus de cette journée qui est plus que probablement la pire de toute ma vie !!! Je veux qu’on vienne nous chercher, j’ai l’impression qu’on pourrait mourir dans les secondes qui viennent tellement la situation est chaotique… Malheureusement, aucun signal sur le téléphone péruvien de Tim, impossible donc de contacter qui que ce soit, il nous faudra continuer seuls…

Une fois l’orage passé, nous sommes complètement trempés, mais d’autre part, rafraîchis et remotivés (en tous cas pour Tim qui se sent beaucoup mieux depuis qu’il a tout remis). Il nous faudra encore marcher durant 1h pour enfin arriver au bout de cette montagne. On arrive alors sur un terrain vague et on aperçoit ENFIN le village de Cabanaconde. Le dernier kilomètre se fait dans le silence le plus complet, nous sommes complètement épuisés et en mode “automatique”. Au moins, ça ne monte plus ! Nous mettons au point notre plan “STOP” pour éventuellement profiter du passage d’une voiture. Malheureusement, hormis une petite mobilette, personne ne passera à côté de nous…

Lorsque nous arrivons dans le village de Cabanaconde, nous sautons dans le premier magasin ouvert pour acheter “une grande bouteille d’eau et un maximum de bananes svp” avec les 7 derniers soles qui nous restaient…

Il est 15h quand nous franchissons la porte de notre hôtel. Nous avons donc pris un total de 7h pour arriver au bout de cette horrible journée.

Après avoir rassuré nos familles (sans nouvelles depuis 3 jours) via quelques messages, nous décidons de prendre une douche. Malheur : à cause de l’orage, la douche est glacée… De quoi terminer en beauté nos aventures du dernier jour… Après nous être fortement rafraîchis (glaglagla) nous nous effondrons sur le lit pour une sieste de 2 heures.

Ainsi s’achèvent nos aventures dans le Canyon du Colca. Malgré ce dernier jour plus que difficile, nous garderons des souvenirs extraordinaires de ce trek ainsi qu’une immense fierté d’être arrivé au bout sans guide, sans aide et sans argent! 😀


Clem

Psychomotricienne, animatrice et formatrice, passionnée par les voyages et le monde de la petite enfance !

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