Edition spéciale de notre série d’articles “10 anecdotes”! Au cours de nos 33 jours en Equateur, nous avons eu la chance et l’honneur de passer un total de 17 jours “chez Javier”, à la ferme El Motilón, dans le petit village d’Atahualpa – près de Quito. Ce fut une expérience inoubliable! (Et nous avons d’ores et déjà promis à Javier de revenir le voir!) Voici dès lors une sélection de “10 anecdotes” à situer dans ce cadre merveilleux.

[Pour retrouver les photos de notre séjour à la ferme, c’est par ici.]

1 – Ambiance franco-germano-belgo-équatorienne

Javier est un Equatorien pur souche, avec une passion un peu surprenante: il est féru d’Allemagne, et a étudié l’allemand – qu’il parle couramment d’après ce qu’il nous a dit! :-O A la base, il a étudié cette langue dans l’idée de partir un jour étudier en Allemagne… mais la vie en aura décidé autrement, et à ce jour, il n’a encore jamais mis les pieds en terre germanique.

Du coup, il s’est doublement bien entendu avec Romane – la volontaire française qui se trouvait chez lui au moment où nous sommes arrivés (et avec qui nous avons passé notre première semaine à la ferme). C’est que la demoiselle, non contente d’être normande, vit à Munich depuis quelques années, et parle elle aussi parfaitement l’allemand!

Néanmoins, la langue de communication au Motilón, en tout cas quand Javier était présent, restait bien sûr l’espagnol. Mais ça fait que pendant notre première semaine à la ferme, le dictionnaire de référence – disponible sur un meuble de la cuisine pour les moments de doute – était un dictionnaire espagnol – allemand! Je l’ai feuilleté quelques fois, et dans la mesure où l’allemand et le néerlandais sont de proches cousins, j’ai pu lui trouver de temps en temps une certaine utilité… 🙂

Ajoutons à ce joyeux mélange nos deux frimousses belges et le caractère français bien stéréotypé de Matthieu (dit “Mateo”, le volontaire qui a succédé à Romane après son départ), le tout en plein milieu de la campagne équatorienne, et nous obtiendrons un bel exemple de multiculturalité! 🙂

A force d’entendre parler français sous son toit, Javier s’est même mis à pratiquer quelque peu notre langue! C’est qu’en nous écoutant, il avait bien vite repéré quelques phrases récurrentes… Du coup, il parvenait toujours à nous surprendre en lâchant, à la fin d’un échange en français, un petit “Ah ouais?!” ou un “C’est pas vrai?!” – avant d’éclater de rire, et de nous laisser le temps de nous rappeler que de toute évidence, il ne nous comprenait pas vraiment… 🙂

Et pour terminer sur l’aspect multiculturel, avec une Normande et des Belges aux commandes, nous avons aussi eu droit à quelques plats typiques: des crêpes françaises (avec les œufs de la ferme, et le lait du voisin!), et des pêches au thon bien belges – dont même nos amis français n’avaient jamais entendu parler!

2 – Nos différentes tâches fermières

Javier ne mène pas la vie dure à ses volontaires. Le travail à fournir est organisé comme ceci:

  • MATIN (environ 09:00 à 12:00)
    • Une tâche “structurelle”, liée à l’actualité de la ferme (nettoyage, désherbage, réparations, labour…)
  • MIDI (environ 12:00 à 13:30)
    • Tâches fermières récurrentes (*)
  • APRÈS-MIDI (environ 14:30 à 15:30)
    • Pause [et épisode de Game of Thrones, voir anecdote #7 🙂 ]
  • SOIR (vers 15:30)
    • Tâches fermières récurrentes (*) jusqu’à 17:30
    • Et, 1 ou 2 x par semaine, abattage de poules, jusqu’à 19:00 max.

Ainsi, la journée commençait pour nous à 09:00 (pour Javier, elle commence plus tôt que ça – mais il respecte le sommeil de ses ouailles… 🙂 ) et se terminait généralement vers 17:30 ou 18:00. En outre, il est à noter que le weekend (pendant lequel Javier se rendait à Quito), nous avions quartier libre – et c’était alors Lenin, l’associé du fermier, qui s’occupait des tâches récurrentes.

(*) Les tâches fermières récurrentes concernent le bien-être des animaux présents sur le site principal de la ferme: les poules, et les porcs! Il s’agit de nourrir ces nobles bêtes, et de vérifier qu’elles ont suffisamment d’eau, ainsi que de récupérer (et nettoyer!) les œufs pondus au cours de la journée.

Remarquez que les termes “gallinas”, “señoritas”, “francia” et “suiza” désignent les poules de différents enclos, réparties en fonction de leur type (pondeuses vs. “de viande”) et de leur âge (les jeunes et les vieilles)

A noter que la collecte des œufs n’est pas toujours une mince affaire! La poule qui a terminé de pondre et qui retourne gambader tranquillement avec ses copines (en oubliant le fruit de sa ponte) n’a rien de très inquiétant. Par contre, la poule qui se trouve encore dans le pondoir au moment de la récolte, c’est une autre affaire! Celle-là perçoit la main du volontaire comme une menace, et n’hésite pas à y lancer son bec. Il valait mieux aller récupérer les œufs avec un gant, pour ne pas se faire blesser!

Pour ce qui concerne les tâches variables de la matinée, nous avons eu droit à un vaste panel d’activités: arracher des mauvaises herbes, labourer un (morceau de) champ, semer des carottes et des radis, nettoyer du matériel, désinfecter des poulaillers… Le premier jour, nous aurons même eu l’honneur de préparer l’enclos et la modeste demeure d’un nouvel arrivant: “Apollón” [nom inventé par nos soins, combinaison très intelligente de Apolón, “Apollon” et pollo, “poulet” 😀 ], le nouveau coq “reproducteur” de la ferme, chargé d’offrir à Javier une nouvelle génération de “pondeuses”!

Pour finir, à deux ou trois reprises, nous aurons également assisté à l’abattage des poules (ou des coqs) destiné(e)s à la vente sous forme de viande. Pour cette opération, Marlén, la voisine de Javier, venait nous prêter main forte – c’est elle qui, en qualité d’experte, s’occupait de plumer, éviscérer, préparer les bêtes sacrifiées… Pour notre part, nous étions chargés d’installer le matériel (table, bassines, casseroles d’eau chaude) et – si nous le désirions – de tenir les petites victimes par les pattes au moment où leur était infligé le coup de grâce. Brrr, pas très, très joyeux – mais ça fait partie de la “vie” à la ferme!

Ce qui nous mettait du baume au cœur pour ces petites bêtes, c’était de savoir qu’elles avaient pour le moins mené une vie parfaitement heureuse jusqu’à l’heure de leur trépas – libres de gambader au grand air, entourées de plein de copines, disposant de nourriture et d’eau à volonté, sous l’œil attentif d’un fermier passionné et bienveillant! 🙂

3 – Je ne vends pas d’avocats

Si tous les midis à Atahualpa, nous mangions dans un petit restaurant du village (aux frais de Javier), pour nos autres repas, nous avions le loisir de nous servir dans les produits de la ferme… ou de faire quelques courses dans les magasins du village.

L’un des “établissements” où nous nous rendions régulièrement était la tienda de Tere (comprenez, grosso modo, “le magasin de Thérèse” 🙂 ), également appelé “SUPER MINI”. Nous nous souvenons encore bien de notre rencontre avec la propriétaire…

Tout gentiment, lors de notre premier passage, nous lui demandons si elle vend des avocats. “¡No!” La réponse est sèche et froide, et le ton ne laisse aucun doute. On s’en veut presque d’avoir posé la question… On paie nos courses, et alors que nous commençons déjà à nous reculer en médisant sur l’antipathie de la dame, elle nous retient et nous tend … un avocat! Elle n’en vend pas, mais du coup, elle nous l’offre. Waouw, sous des dehors froids et distants se cache donc une toute autre personne que celle que nous avions imaginée…

Par ce simple petit geste, la dame nous aura séduits. Nous reviendrons encore souvent dans son magasin, dans les jours et semaines suivantes. Petit à petit, nous apprendrons à l’apprivoiser (et même à la faire rire!), jusqu’à ce qu’au moment de notre départ, elle nous salue chaleureusement en nous souhaitant de revenir un jour!

Derrière Clem, on peut voir les deux portes de la tienda de Tere

4 – Pancitos de sal?

Il y a un mystère que nous n’aurons jamais vraiment réussi à résoudre, à Atahualpa – celui de la dénomination des pains!

La boulangerie était l’un de nos arrêts récurrents, lorsque nous faisions nos courses dans le centre du village. Bien sûr, après près de 2 mois en Amérique latine, nous avions fait une croix sur le pain “comme chez nous”. Néanmoins, la boulangère du village proposait des petits pains assez divers, et relativement bons – et nous nous laissions donc régulièrement tenter. “¡7 pancitos por $1!” Un dollar, pour 7 petits pains (de la taille d’un pistolet) – plus que correct!

Cependant, notre petit souci résidait en la grande diversité des sortes proposées: petits pains plus ou moins ronds, plus ou moins dorés, plus ou moins sucrés ou salés, à base de farine plus ou moins blanche… Au début, nous nous fiions à notre instinct du moment, choisissant ceux qui nous paraissaient les plus appétissants. Après quelques bonnes et mauvaises expériences, cependant, nous crûmes avoir identifié notre préférence. Nous nous renseignons:

“¿Cómo se llama este tipo de pancito?
– Pancito de sal.”

¡Bueno! Cela fait sens: si les petits pains bien sucrés sur lesquels nous étions tombés une fois ou l’autre n’avaient vraiment pas su nous convaincre, ce doivent effectivement être les “petits pains au sel” que nous devrons dorénavant commander.

Le lendemain, fiers de notre trouvaille, nous commandons donc “siete pancitos de sal, por favor“. La mauvaise surprise? Nous repartons avec un sachet de 7 petits pains complètement différents de ceux de la veille! 🙂 🙂 Nous n’y comprendrons donc décidément jamais rien…

[PS: Nous retiendrons aussi du pain d’Atahualpa (et de l’Equateur en général, sans doute), qu’il est systématiquement sucré! Ainsi, ce n’est pas tant que le “pancito dulce” serait sucré, et le “pancito de sal” salé, mais plutôt que le premier serait “un petit pain sucré”, et le second… “un petit pain sucré avec du sel”! 😀 ]

5 – Sans oublier les œufs!

A chaque fois qu’il s’agissait de préparer des achats dans le village, nous nous faisions une petite blague récurrente: ajouter systématiquement “huevos / des œufs” à la liste des courses! C’est con, mais ça nous faisait bien rire… 🙂 🙂

C’est que bien entendu, s’il y avait un produit qu’il ne fallait jamais acheter, c’était bien des œufs: chaque jour, nous en récupérions entre 80 et 100 dans les enclos des pensionnaires de la ferme! La plupart étaient destinés à la vente, dans le magasin de Javier à Quito, mais nous pouvions sans problème nous en servir nous aussi librement – pour nos propres envies gastronomiques.

Nous nous sommes dès lors bien fait plaisir: œufs sur le plat, œufs à la coque, omelettes, œufs brouillés, œufs durs,… Seul bémol: les œufs, ça fait péter! 🙂 Heureusement, les pires effluves étaient masqués par les odeurs de la ferme… 🙂

6 – A la bougie (ou presque)

Troisième soir à la ferme, mercredi 27 février. Respectant ses habitudes hebdomadaires, Javier nous a quitté – Romane, Clem et moi – pour rejoindre sa famille et son magasin à Quito. (Il rentrera demain matin.)

A la fin d’une journée tranquille, nous cuisinons et soupons agréablement: carottes, oignons, patates… On épluche, on coupe, on cuit. On se régale!

Juste après le repas, les plombs sautent. Nous voilà dans le noir! Un rapide coup d’œil à l’extérieur nous apprend que la coupure n’est pas limitée à la ferme: tout le quartier est plongé dans l’obscurité, et on ne devine qu’à la lumière des étoiles la forme des montagnes, des arbres et des maisons les plus proches. Il n’y a donc rien que nous puissions faire pour espérer rétablir le courant.

Nous passerons néanmoins l’une de nos plus sympathiques soirées à trois! A défaut de bougies, nous employons nos téléphones portables pour nous éclairer et, assis à la table de la cuisine où nous venons de souper, entreprenons de parfaire ensemble nos connaissances musicales francophones. C’est que Clem a pas mal de musique sur son GSM – bien assez pour nous animer tout au long de la soirée. Romane ne savait pas que “Roméo Elvis” et “Angèle” étaient frère et sœur, ni qu’ils étaient belges. Voilà corrigé ce trou dans sa culture générale! 🙂

Quand nous montons nous coucher, vers 22h30, le courant n’est toujours pas rétabli. Nous nous interrogeons néanmoins: “Est-ce qu’on tourné l’interrupteur, en-bas? Si le courant revient, il ne faudrait pas que tout s’allume du coup pendant qu’on dort…”

Je ne suis pas trop sûr qu’on ait effectivement coupé l’interrupteur, mais j’ai la flemme de me relever. Je propose de laisser tomber, et de nous donner le bénéfice du doute.

A ce moment précis – vous l’avez deviné – le courant revient, baignant la cuisine (et, par extension, une partie du grenier où nous logeons) d’une vive lumière ! “Ah ben voilà…” Au moins, je ne dois pas redescendre dans le noir… 🙂

7 – “El Juego de Tronos”

Il y avait une tradition (quasi) quotidienne, dans la ferme de Javier, à laquelle nous ne nous étions pas du tout attendus: le visionnage de la célèbre série HBO “Game of Thrones”!

Une des deux truies de Javier s’appelle “Arya”, en l’honneur du personnage de Game of Thrones

Au moment où nous avons rejoint Atahualpa, Javier terminait de regarder la saison 4. Clem avait déjà vu la série; pour ma part, j’étais un parfait novice. Je me suis même demandé si j’allais vraiment accrocher… Peut-être pourrais-je consacrer les moments de pause “GoT” à une sieste, ou à d’autres occupations? Que nenni! Dès le premier épisode regardé, j’étais déjà conquis et n’avais plus qu’une envie: connaître la suite! 🙂

A chaque fois que nous terminions une saison, Javier profitait de son prochain passage à Quito pour acquérir la saison suivante. Les DVD qu’il ramenait nous faisaient bien rire: pochettes photocopiées, disques identifiés au marqueur… C’est qu’il ne les avait pas trouvés à la FNAC, le coco.

Nous regardions des épisodes uniquement lorsque Javier était présent à la ferme. (Les mercredis et le weekend, quand l’homme était à la capitale, il fallait donc prendre notre mal en patience…) Suivant l’horaire du fermier, nous avions droit à un épisode l’après-midi (entre la pause de midi et les tâches du soir), puis à un ou deux [ou trois… O:) ] épisodes le soir (entre le souper et la mise au lit).

Le “home cinema” du Motilón 😀

Bien sûr, chaque épisode n’était pas seulement un moment de détente – c’était aussi une opportunité d’apprentissage linguistique! En effet, nous regardions généralement les épisodes en espagnol (plus facile pour Javier, qui ne parle pas anglais – et parfois la seule option disponible dans les DVD de contrebande employés…), ce qui nous a permis d’élargir grandement notre vocabulaire dans cette langue. Nous sommes à présent incollables sur le vocabulaire spécifique à la série et à son univers fantastique-médiéval: traicionar (« trahir »), arrodillarse (« s’agenouiller »), apuñalar (« poignarder »), castillo (« château »), ejército (« armée »), espada (« épée »), batalla (« bataille »), bruja (« sorcière »)… 🙂 Je pense que nous sommes prêts pour lire « Le Seigneur des Anneaux » dans la langue de Cervantes!

Au moment de quitter la ferme, nous avions terminé la saison 4, et visionné intégralement les saisons 5, 6 et 7. Avec tout ça, quand nous avons vu les teasers de la saison 8 (dont le premier épisode sortira sur HBO le 14 avril!), ça nous a fait bizarre… de voir les personnages parler en anglais! Quoi qu’il en soi, nous sommes d’ores et déjà bien curieux de découvrir la suite des aventures du héros … Jon « Èsnow »!

8 – Lenin ne répond plus…

Nous l’avons déjà mentionné à quelques reprises: Lenin était l’associé de Javier – habitant le village d’Atahualpa avec sa femme et son jeune fils, et responsable d’assister notre fermier dans certaines de ses tâches quotidiennes. Ainsi, en règle générale, nous voyions l’homme une ou deux fois par jour: le matin en nous levant (si nous émergions du sommeil avant qu’il n’ait fini ses tâches matinales… O:-) ), et en fin de journée, lorsqu’il venait « mettre au lit » les poules – c’est-à-dire vérifier que toutes les pensionnaires soient rentrées, et fermer les portes et les « rideaux » des poulaillers.

Lenin est le jeune homme sur le cheval – derrière l’enfant 🙂

De mémoire, cette dernière tâche avait lieu vers 18h00, heure équatorienne (donc, disons, entre 18h00 et 19h00). Or, ce dimanche-là, 19h00 était largement passé, et nous n’avions toujours aucun signe de vie de notre cher Lenin. Le soleil s’était couché entre-temps et, docilement, toutes les poules étaient rentrées se percher dans leurs demeures, n’attendant plus que la fermeture des portes et des rideaux pour s’envoler au pays des rêves.

A 20h00, n’y tenant plus, nous allons nous-mêmes souhaiter la bonne nuit aux petites protégées de Javier, et fermer les portes et les volets de leurs maisonnettes.

Vers 21h30, alors que Clem et moi sommes posés dehors, devant le bâtiment principal de la ferme (profitant de la beauté de la nuit équatorienne et du ballet de ses lucioles), nous sommes surpris par une lampe venant du fond du terrain, et se dirigeant vers nous. Nous plissons les yeux: ça alors … Lenin! Il ne nous a donc pas oublié, il est seulement très, très en retard (par rapport à l’heure habituelle). Nous échangeons quelques paroles:

« Comme nous ne te voyions pas arriver, nous avons déjà été fermer aux poules…

­— Oui, c’est parfait! Vraiment super! Tout ce que vous avez fait est génial. Et je m’occupe du reste, pas de souci! »

Son enthousiasme nous surprend, mais ne nous dérange pas. 🙂

Quand l’homme a fini sa tournée, il vient nous saluer. Son « haleine de chapiteau » nous laisse deviner d’un coup la raison de son retard, et de son humeur: l’homme a bu – et pas qu’un peu! Son dimanche a dû être plutôt festif. 🙂

Au moment où nous le voyons reprendre sa moto pour rentrer chez lui, nous sommes quand même un peu inquiets. C’est un adulte, majeur et vacciné – mais est-il vraiment en état de conduire? Nous ne serons vraiment soulagés qu’en le revoyant apparaître, sain et sauf, le lendemain matin…

9 – Accident de bus

Après nos deux premières semaines de travail à la ferme, nous avons décidé de profiter du weekend pour faire l’aller-retour jusqu’à Quito, histoire de faire une lessive, de nous retrouver un peu « rien qu’à deux », et de faire une première connaissance avec la capitale équatorienne.

Le trajet entre Atahualpa et Quito dure environ 2h30, et se fait en bus. La route serpente quelque peu dans la montagne, et ses virages sont vraiment nombreux par moments – mais la qualité du revêtement ne laisse rien à désirer [cela nous a d’ailleurs agréablement surpris, après les routes parfois réellement horribles rencontrées au Pérou] et le trajet est globalement agréable.

Or, le dimanche, sur le trajet du retour vers le village, voilà que notre chauffeur se laisse surprendre par une voiture arrivant de face et surgissant à la sortie d’un tournant ! Il donne un coup de volant brusque vers la droite, et nous percutons le flanc de montagne que nous bordions. (Heureusement que nous ne roulions pas côté ravin…)

Le choc n’est pas très violent, mais il fait réagir tout le monde : alors que les passagers semblaient jusqu’ici engourdis dans une douce torpeur, ils sont à présent début et discutent – chacun y allant de sa petite théorie et de sa petite analyse de la situation.

(Pour notre part, même si nous avons de moins en moins de peine à communiquer fluidement avec Javier – originaire de la ville et habitué aux étrangers – nous n’entendons malheureusement que très peu l’idiome montagnard… Nous écoutons en essayant de comprendre ce qui se dit, nous hochons poliment la tête à quelques reprises lorsque quelqu’un semble s’adresser à nous, mais nous nous résolvons à ne pas intervenir dans la conversation collective. O:-) )

La voiture qui venait en sens inverse s’est arrêtée. Les chauffeurs respectifs échangent, constatent qu’une grande quantité de terre a été propulsée dans le bus au moment du choc (bien entendu, le bus roulait avec la porte ouverte), mais qu’à part cela, il n’y a rien à signaler.

La photo n’est pas top… mais notez la porte ouverte!

Bientôt, nous reprenons la route. Il y a donc eu plus de peur que de mal. Nous prenons notre petit calepin : voilà une nouvelle anecdote à raconter !

10 – Baptisée au jus de mûres

C’est l’un des derniers (si pas le tout dernier) repas de midi que nous passons avec Javier, dans le petit restaurant du centre d’Atahualpa. Au menu : de la soupe, puis du riz, de la viande et une petite salade – accompagnés d’un verre de jus de mûres. Nous sommes quatre à table : Javier et Mateo d’un côté, Clem et moi de l’autre – Clem faisant face à notre ami fermier.

Pendant que nous mangeons, Javier se lance dans le récit d’une anecdote amusante. (La teneur m’en échappe à présent, car ce n’est que la chute de la scène que j’ai retenue…) Au moment le plus intense de son histoire, mimant l’un de ses personnages qui s’exprimait avec vigueur, Javier lance son poing vers le haut… et percute son assiette, qui se retourne sur la table – emportant dans son élan son verre de jus ! Ce dernier se répand sur la table … et sur Clem !

Flou artistique dû à la rapidité d’action de la photographe – il fallait capturer la situation au moment précis où l’incident venait de se produire!

Javier reste prostré une fraction de seconde. Pour ma part, je m’écarte vivement … puis j’éclate de rire. Clem rit également – sans doute un peu nerveusement. Nous constatons les dégâts. Il y du riz partout, et du jus sur Clem, dans son assiette, et sur ses vêtements ! Ma bien-aimée est baptisée.

Javier s’excuse profusément. Nous nous déplaçons vers une table voisine, et récupérons ce qui peut l’être. Notre ami demande un torchon, et répare tant bien que mal sa bêtise. Il commande un nouveau jus pour Clem et pour lui. Clem part aux toilettes pour tenter de nettoyer ses habits…

On s’installe à nouveau. Javier s’excuse encore. L’atmosphère se détend. Avec l’humour qu’on lui connaît, notre ami ajoute : « Je suis vraiment désolé, je visais Tim en réalité ! »


Tim

Voyageur, rêveur, linguiste, musicien, animateur, formateur.

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