1 – Antonio, le Spielberg de Las Vegas (et bien plus encore)

Nous arrivons à Las Vegas le 14 avril 2019, après un peu plus de trois mois en Amérique latine (Pérou / Equateur / Colombie).

Pour cette première destination en Amérique du Nord, nous avons prévu de loger chez Antonio, un citoyen américain d’origine latino-américaine qui nous a proposé (via la plateforme CouchSurfing) de nous héberger. [Hôte latino, nom de ville aux consonances hispaniques: désirons-nous minimiser le choc culturel qui nous attend? 😀 ] Au moment d’arriver, nous ne savons pas grand-chose de notre hôte. Cependant, nos échanges électroniques préalables se sont très bien passés, et nous avons son adresse. Les choses s’annoncent donc très bien.

Il ne nous faudra pas longtemps pour comprendre qu’Antonio est un personnage fascinant, inspirant et terriblement attachant. Pendant notre bref séjour avec lui, nous allons de surprise en surprise, de délire en délire – jusqu’à le quitter en le considérant comme un véritable ami. 🙂 Cut to the chase: c’est certain, nous le reverrons!

Laissez-nous vous le présenter. L’intrigue commence dès notre arrivée à l’adresse indiquée. Lorsque notre UBER nous dépose devant la maison, notre hôte nous ouvre la porte, nous accueille, et s’excuse immédiatement pour l’odeur qui règne dans le salon – une vilaine senteur de cannabis trahissant une consommation récente et intensive.

“Sorry about the terrible smell, I’ll explain it in a minute.”

Je me dis qu’il n’y a pas grand-chose à expliquer: l’homme est sans doute adepte (ou a des amis qui le sont) – pas besoin de nous faire un dessin. Mais voilà que je me trompe complètement! Antonio nous explique que la maison où nous nous trouvons est en fait un Airbnb dont il n’est que le locataire, et qu’il vient lui-même d’y arriver aujourd’hui seulement – à peine quelques heures avant nous. Il connait la maison car il y a déjà logé l’an dernier, mais il n’est en rien responsable de l’odeur.

Et c’est ainsi que nous apprenons une première chose sur Antonio: après avoir vécu de nombreuses années sur la East Coast des USA, il a adopté depuis quelques années une vie un peu plus nomade. Il vit ainsi quelques mois par an à Las Vegas (“je déteste cette ville, je viens ici pour travailler sans être tenté de sortir” 🙂 ), passe ensuite l’été au Canada et puis l’hiver en Europe – avant de boucler la boucle. Son travail d’ingénieur pour une grande multinationale lui permet de travailler à distance [nous l’observerons d’ailleurs quelques fois en pleine réunion « Skype » avec des collaborateurs répartis sur plusieurs continents], ce qui rend cette vie itinérante possible et même facile. Très intéressant!

Outre son travail d’ingénieur, nous apprendrons aussi qu’Antonio est musicien. Compositeur classique, plus exactement. Or, il s’avère que dans toute la modestie de son petit appartement de location, Antonio n’est pas un simple compositeur – c’est un auteur reconnu internationalement, dont l’une des dernières œuvres a été composée pour le Pape, et dont plusieurs morceaux ont été joués par les musiciens classiques les plus célèbres du monde. Encore plus intéressant!

Antonio est pourtant avant tout un homme super sympathique et humble – qui s’intéresse d’abord à nous et à notre voyage, et ne nous parle de sa propre vie qu’à notre demande. Je le trouve aussi très inspirant quand je lui parle de mes propres projets de vie. Il a de bonnes idées et de bons conseils!

Quand nous repenserons à notre séjour chez lui, nous nous souviendrons cependant surtout d’une chose: notre mémorable tournage d’un film d’espionnage 100% amateur! Remettons les choses en contexte…

Alors que nous passons avec Antonio notre premier vrai repas (un buffet “brunch” à volonté à l’hôtel Wynn – oui, c’est aussi ça, Las Vegas!), nous voyons passer derrière nous un cameraman. Clem en profite pour raconter le plaisir qu’elle a à passer à la télé – reportage, interviews, dès que l’occasion se présente, elle essaie toujours d’être sous le feu des projecteurs.

Notre table au Wynn

Antonio est intéressé:

“Vraiment?! Je ne sais pas si tu es sérieuse, mais en fait, il se fait que j’ai une passion pour le tournage de films d’espionnage amateurs avec mes amis et certains de mes couchsurfeurs… donc si tu aimes passer à l’écran, peut-être que Tim et toi pourriez être dans mon prochain épisode?”

Cet homme est décidément rempli de surprises. En écoutant l’histoire de notre hôte, nous comprendrons qu’il a déjà tourné une petite vingtaine de films, avec des amis et visiteurs de nombreux pays – dans lesquels il joue systématiquement lui-même le rôle du grand méchant.

“Un de mes gros délires, ce serait d’avoir un jour une apparition de Matt Damon dans l’un de mes films. On était dans la même classe à l’université, et je le vois de temps en temps aux réunions de classe.”

(Ben oui, logique. 🙂 )

Nous sommes immédiatement emballés par l’idée! Antonio ne veut bien sûr rien nous imposer. Comme nous avons prévu de passer le reste de la journée à deux (notre hôte, lui, doit retourner travailler), il nous suggère juste de profiter du cadre des hôtels et casinos que nous allons visiter aujourd’hui pour filmer éventuellement déjà quelques images. Il veut peut-être tester notre motivation?

Et c’est ainsi que commence une aventure cinématographique incroyable. Les plans que nous filmerons cette première après-midi s’avéreront inutilisables, mais la pompe est amorcée. Nous tournerons avec Antonio des plans mémorables dans des casinos, dans son appartement, et même dans le parking d’un stand de tir (où se trouvent des tanks, hélicoptères et jeeps militaires formant un décor du meilleur effet). Comme l’avait bien dit Antonio, c’est vraiment du cinéma amateur: les plans sont filmés avec le téléphone portable, et le scénario se précise au fur et à mesure que les idées nous viennent. Mais ce n’en est pas moins fun! Au contraire!

Quand nous quittons Las Vegas pour visiter le Grand Canyon, Antonio a une idée: “J’ai à vrai dire des plans de moi au Grand Canyon, dans mon personnage de méchant – filmés par un ami qui avait un drone… Si vous filmez des choses au Grand Canyon vous aussi, on pourra faire coller le tout au montage.” Excellent! Après l’émerveillement devant la beauté du site, notre visite au Grand Canyon se transformera donc en une brève expérience de tournage. Action! 🙂

En mode “espion” au Grand Canyon 😀

Avec tout ça, Antonio restera indéniablement l’un de nos hôtes les plus mémorables. Près de deux mois après notre passage chez lui, nous sommes toujours en contact. On l’a raté de très peu au Canada (il y arrivait 3 jours après notre départ), mais le rendez-vous est déjà pris: cet hiver, on part le retrouver dans le sud de l’Europe! C’est que notre film a d’ores et déjà besoin d’un second épisode… 🙂 Puis, nous avons sans nul doute encore des choses à découvrir sur l’homme. Est-il réellement ingénieur? S’appelle-t-il réellement Antonio? Peut-être que sa passion pour les films d’espionnage cache une identité d’agent secret dont nous ignorons encore tout… 😀

2 – Can I see your ID?

Les Américains ne rigolent pas quand il s’agit de l’alcool. La limite d’âge pour acheter et consommer des boissons alcoolisées aux USA est de 21 ans, et rien n’est laissé au hasard: un Américain ne vous vendra ou ne vous apportera jamais d’alcool avant d’avoir vérifié votre carte d’identité. Bien que nous ayons 25 et 30 ans au moment d’écrire ces lignes, nous l’avons constaté à nos dépens, à deux reprises.

Les deux mésaventures à raconter se situent toutes deux à Las Vegas – première destination nord-américaine de notre aventure. La première histoire (sans réelles conséquences au final – ouf) se déroule à la caisse d’un Walgreens. Nous nous présentons à la caisse avec quelques bières [achetées à la demande de Antonio], et la caissière nous demande nos cartes d’identité. Je lui tends mon passeport. Elle le scrute, et se tourne vers Clem:

“Je peux voir votre passeport également?
— Euh, je ne l’ai pas avec moi…
— Dans ce cas, vous ne pouvez pas vous présenter à la caisse avec lui. Vous auriez dû attendre à l’entrée.”

Outch, ça rigole pas! Heureusement, cette dame-là est relativement sympathique.

“Comme Monsieur est en ordre, c’est bon pour cette fois. Mais n’oubliez plus votre passeport la prochaine fois!
— Glups, merci!”

La seconde mésaventure sera un rien plus embêtante. Clem, Antonio et moi nous baladons dans l’un des casinos de la ville – à la recherche d’un plan pour notre film. On voudrait des images de Clem et moi partageant un verre. Or, nous savons que pour les gens assis aux machines à sous, les boissons sont gratuites, et – après avoir tourné en rond pendant plusieurs minutes – nous repérons enfin une serveuse et nous nous plaçons stratégiquement sur son chemin. Nous avons même trouvé par terre un voucher de 0,75$ qui nous permet de jouer – l’illusion est parfaite. Nous hélons la serveuse.

“Can we have three whiskey-and-cokes, please?
— Sure thing! Can I just see your IDs real quick?”

Clem se fige. Aujourd’hui non plus, elle n’a pas son passeport avec elle! Nous nous excusons de l’oubli. Et non, le passeport n’est malheureusement pas à l’étage – nous ne logeons pas dans cet hôtel.

“Dans ce cas, je suis désolée, je ne peux servir aucun de vous trois. Et techniquement, mademoiselle, vous n’êtes pas même autorisée à vous trouver à l’intérieur du casino… Si on vous contrôle, vous serez mise dehors.”

La dame nous dit tout cela très gentiment, mais le ton est néanmoins sans appel. Cela clôturera la journée: rentrons chez Antonio! Chez lui, il reste encore quelques bières… 🙂

3 – North Rim closed

Après 3 nuits chez Antonio à Las Vegas, nous avons prévu de partir en excursion au Grand Canyon. Au programme: quelques heures de route jusqu’au lieu-dit, dodo dans notre voiture, réveil et lever du soleil au bord du Canyon, photos, tout ça, tout ça, puis retour chez Antonio pour une dernière nuit à Vegas.

Or, le Grand Canyon peut s’admirer principalement à deux endroits – soit depuis le sud (l’endroit le plus connu et le plus fréquenté), soit depuis le nord (plus sauvage et authentique). [Logique, c’est une grande faille dans la terre – on peut donc se tenir d’un côté, ou de l’autre. 🙂 ]

D’après Antonio, la vue depuis le bord nord – le North Rim – est la plus belle. Pour ma part, j’ai déjà vu le bord sud il y a quatre ans, quant à Clem, elle ne voit pas d’inconvénient non plus à suivre le conseil de notre hôte. Avec notre voiture de location fraîchement récupérée, nous nous mettons donc en route vers le North Rim – Google Maps nous indiquant un durée de trajet d’environ 4 heures et demie.

Vers 18:30, quand le GPS indique qu’il ne reste plus qu’une heure et demie de route, nous repérons sur la bord de la chaussée un énorme panneau lumineux: “NORTH RIM CLOSED”. What?! Est-ce qu’on a bien lu?!

On fait demi-tour pour s’assurer qu’on n’a pas eu la berlue. Malheureusement, non: on a bien lu. Avec la 4G de notre téléphone (nous avons acheté une carte SIM américaine pour la route), nous consultons internet. En effet, le North Rim est fermé pendant l’hiver… et l’accès n’y sera possible que dans quelques jours. Zuuuut! On était tellement convaincus de notre plan qu’à aucun moment, on n’a soupçonné que le Grand Canyon pourrait être “fermé”.

Internet nous apprend également que le South Rim, par contre, est quant à lui ouvert toute l’année. On change la destination dans le GPS: bim, 03:30 de trajet! On vient de se prendre un détour de 2 heures dans le dents… 🙂

Cependant, nous ne nous tracassons pas trop. L’ambiance est excellente dans la voiture, et dans ces circonstances, ça ne nous dérange pas de faire un peu de route supplémentaire. Cela nous permet aussi de voir le soleil se coucher sur les plaines de l’Arizona, et de faire un petit bout de route sous un magnifique ciel étoilé. Waouw!

J’en conviens, les 30 dernières minutes de route sont les plus dures. On commence à être vraiment fatigués – il est temps qu’on arrive! Dernier point positif de notre mésaventure, cependant: au moment où nous arrivons à l’entrée du Grand Canyon National Park, la barrière est grand ouverte, et il n’y a plus de ranger en faction pour réceptionner notre paiement… Il y a bien un automate, mais celui-ci refuse d’accepter nos différentes cartes de banque. Tant pis! Nous n’avons pas fait toute cette route pour rien. Nous prenons quelques photos pour prouver (au besoin) que nous avons essayé de payer, et entrons gratuitement dans le parc, à la recherche d’un coin tranquille pour dormir. Hâte d’être demain matin!

4 – Deux paiements complètement inutiles

Voici à présent le récit des deux occasions où notre empressement nous aura coûté quelques sous… dépensés entièrement à tort.

Première histoire. Los Angeles n’est pas la ville préférée des automobilistes… Le trafic y est complètement fou (il n’est pas rare d’être bloqué dans les embouteillage en périphérie de la mégapole, même sur des routes à 5 bandes), et trouver une place de parking dans les alentours du Hollywood Boulevard et de son Walk of Fame n’est pas une mince à faire.

N’empêche que c’est cool, de conduire sur Hollywood Boulevard 🙂

Après avoir tournicoté un peu avec Briginette (notre Nissan Versa élégamment baptisée), nous trouvons néanmoins un emplacement libre dans la rue. Bingo! Cela nous coûtera déjà moins cher que les nombreux parkings couverts, où il faut payer à la (demi-)journée. Nous manœuvrons, nous nous garons – puis je me rends vers la borne de paiement la plus proche.

J’introduis ma carte de banque, je sélectionne une durée de stationnement, je confirme le paiement. Et puis… rien. Euh, attends. Je n’ai pas droit à un ticket? Et je ne dois pas introduire mon numéro de plaque?! Je suis perplexe… et commence déjà à réaliser que j’ai fait une bêtise.

Euh… Et après, je fais quoi?

Je prends un petit pas de recul. Cette borne de paiement ressemble quand même furieusement à un parcmètre individuel… Le problème, c’est qu’il ne se trouve pas à côté de notre voiture (mais deux voitures plus loin)…

Clem interpelle un couple de locaux occupés à embarquer dans leur voiture, de l’autre côté de la route. Ils confirment ce que nous soupçonnions:

“Non, non, vous êtes bien garés. Ce panneau-là indique que le stationnement est autorisé, et la ligne de parcmètres s’interrompt avant votre voiture – donc vous êtes dans un emplacement gratuit.”

Et voilà, c’est officiel, nous venons d’offrir une heure de parking supplémentaire à un parfait inconnu. Espérons au moins que cet acte de bonté pure se reflétera dans notre karma! 😉


Seconde mésaventure du même acabit, le 26 avril 2019. Durant notre séjour à Santa Clara (chez nos amis belges Jeroen et Eline), nous prenons une journée pour aller visiter la ville légendaire de San Francisco. Nos hôtes nous ont expliqué le chemin: prendre la voiture jusqu’à la gare de Mountain View (à proximité de laquelle il y a un parking gratuit), puis prendre le CalTrain jusqu’au centre de SF.

Nous trouvons facilement la gare, arrivons sur le quai, achetons deux tickets dans une machine. Puis nous nous rendons compte de notre bêtise: nous ne sommes pas sur le bon quai… et ce n’était pas la bonne machine! Alors que nous avons besoin d’un ticket de CalTrain, nous venons d’acheter un ticket de VTA – qui est une autre compagnie ne desservant pas notre destination. Zut! Nous nous empressons de nous rendre sur le bon quai, et prenons d’assaut la bonne machine alors que derrière nous, le CalTrain est en train d’arriver.

Eh ben ça alors – cette seconde machine refuse d’accepter notre carte VISA. Nous essayons quelques fois, sans succès. Il semblerait que la machine ait un problème. Nous informons le contrôleur, qui se montre compréhensif et nous laisse embarquer gratuitement. “Vous payerez en arrivant à destination.”

Pfiou, on est dans le train!

Ouf, on se dit qu’on s’en tire encore assez bien… Nous ne sommes cependant pas encore au bout de nos peines. Après cette mésaventure, nous constaterons que la carte VISA de Clem a, en fait, été bloquée. Quand Clem parviendra enfin à joindre sa banque par téléphone [un coup de fil qui coûtera plus de 30€, pour 10 minutes d’attente et 1 minute de prise en charge – mais passons], l’agent lui expliquera que la carte a été bloquée “suite à une utilisation dans un terminal défectueux à Mountain View”. Ah ben voilà… Notre karma aura fait du yo-yo sur ce coup-là! 🙂

5 – Le Jim Jefferies Show

A Los Angeles, où nous restons du 19 au 23 avril 2019, nous sommes accueillis pendant 4 nuits par Riley – une dame qui nous a proposé de nous héberger via le site Couchsurfing. Nous sommes ses very first couchsurfers ever, ce qui ne fait pas d’elle une hôte moins exemplaire. En plus de nous fournir un cadre de logement super confortable, de nous inviter au restaurant le soir de notre arrivée, et d’enregistrer pour nous un épisode de Game of Thrones (héhé), elle nous a offert une activité hors du commun pour notre dernière matinée à L.A.: participer à l’enregistrement d’un épisode du Jim Jefferies Show!

Soyons honnête: nous ne connaissions pas Jim Jefferies, humoriste d’origine australienne, ni son late-night satire talk show avant notre passage en Californie. (J’avais déjà vu sa tête sur Youtube, mais je n’aurais pas su citer son nom…) Néanmoins, l’expérience fut plutôt intéressante et amusante. Nous aurons ainsi eu l’occasion de découvrir de l’intérieur les Sunset Las Palmas Studios de Los Angeles, et de découvrir comment s’y passe un tournage!

Voici comment ça s’est déroulé. Après avoir fait la file pour entrer, et avoir fait un aller-retour en courant jusqu’à la voiture pour y redéposer nos GSM (car les téléphones sont interdits dans le studio – “vous pouvez les laisser à l’entrée, mais nous n’avons pas le droit de garantir que vous les récupérerez en bon état”), nous attendons d’abord dehors, sur des bancs, avec les autres membres du public. Les jeunes filles chargées de nous aiguiller ne sont pas spécialement commodes, mais au moins, elles sont efficaces. On nous invite à aller une dernière fois aux toilettes (“aucune sortie du studio ne sera autorisée pendant le tournage”) et on nous distribue de l’eau. Nous sentons l’excitation monter!

Après un temps d’attente tout à fait raisonnable, on nous fait rentrer en rang bien discipliné dans le studio. Nous prenons place dans les gradins. Le studio n’est pas immense (nous sommes tout au plus une centaine dans le public – peut-être un peu moins), mais le décor est impressionnant. Il y a de nombreuses caméras, des écrans, une estrade… et aussi un airco de fou qui nous fait presque regretter la chaleur cuisante de dehors! 😉

Avant que l’enregistrement ne commence, un “chauffeur de salle” vient s’adresser à nous. Il nous explique comment vont se passer les choses, nous fait rire et applaudir – et nous dit aussi qu’il distribuera des cadeaux aux membres du public les plus chauuuuds. (Haha, c’est donc ça la technique! 🙂 )

Ensuite, Jim Jefferies arrive. Avant de commencer à tourner son épisode, il prend d’abord le temps de s’adresser à nous – en mode stand-up comedian (son métier de base). C’est cool, on se sent d’autant plus impliqués! (Cela permettra aussi à Clem de se rendre compte qu’elle a du mal avec l’accent australien… “Ca va, tu arrives à suivre?” “Euh, non, pas vraiment…” 😀 )

Commence alors le tournage à proprement parler. Nous découvrons l’envers du décor, avec le téléprompteur face au présentateur, et les scènes qu’il faut parfois filmer plusieurs fois. Nous avons bien en tête la demande du chauffeur de salle: “Si Jim doit recommencer une scène, n’oubliez pas de rire aux blagues – même si vous les avez déjà entendues une première fois!” Vu les grands gestes qu’il nous fait en temps réel pour nous le rappeler, on ne peut mal de l’oublier… 😀

L’enregistrement (introduction comprise) dure un peu moins de 2 heures – vers 14:20, nous sommes à nouveau dehors. Avant de partir, nous faisons la file avec les autres membres du public, pour une photo avec l’artiste. Comme nous n’avons pas nos téléphones avec nous, on demande au couple d’Australiens (sic!) se trouvant devant nous dans la queue de bien vouloir prendre une photo de nous, et de nous l’envoyer. Affaire rondement menée! Nous aurons comme ça au moins une photo souvenir de cette matinée hors du commun:

La star! (Et à ses côtés… Jim Jefferies! O:-) )

6 – Camping au Pinnacles State Park

Au cours de notre voyage, nous aurons dormi souvent dans des lits, quelques fois dans une voiture… et puis une fois dans une tente!

Ce sont nos hôtes Eline et Jeroen – couple d’origine flamande installé en Californie depuis quelques années – qui nous auront offert cette possibilité. Pendant notre séjour chez eux à Santa Clara, nous les avons accompagnés, eux et leurs deux enfants (Viktor, 9 ans, et Lena, 7 ans) au Pinnacles State Park, où nous avons fait deux grandes et belles balades, et avons campé pour une nuit.

Nous aurons ainsi pu constater que pour le camping à l’américaine, rien n’est laissé au hasard: nos hôtes avaient non seulement tentes, matelas et sacs de couchage, mais aussi une plaque de cuisson au gaz et un matériel de cuisine très complet – qui permettront à Eline de nous préparer un délicieux souper malgré le cadre rustique. Notre emplacement de camping est par ailleurs équipé d’un fire pit (où nous ferons un agréable feu de camp au soir), et le bloc sanitaire situé non loin de là est tout ce qu’il y a de plus correct. [Une des toilettes est bouchée, mais promis, notre ami Pierre, de Bogotá, n’a rien à voir là-dedans! Voir ici, anecdote #4. 😀 ]

Au soir, lorsque les enfants seront couchés et que nous serons assis autour du feu entre adultes – Jeroen partageant avec moi le contenu d’une très précieuse bouteille de Chimay! 🙂 – je me dirai qu’il y a de bien pires manières de passer un samedi soir…

Quant aux promenades que nous ferons (le samedi après-midi et le dimanche matin), elles seront magnifiques et très agréables. Pendant que Clem parle avec Eline, je discute pour ma part surtout avec Jeroen – ainsi qu’avec Viktor, avec qui je m’entends bien… 😀 Au début de la marche, Jeroen semble avoir oublié que je parle aussi néerlandais (héhé), et je discute avec lui en anglais – jusqu’à ce qu’il se rappelle de mes talents linguistiques et que nous repassions au flamand. 😀 Nous parlons notamment d’apps, d’API et d’autres concepts informatiques – et quand je réalise que c’est avec un ingénieur de chez Google (oui oui) que je suis en train de converser, je me sens soudain bien privilégié. 😀

Et c’est ainsi que nous passerons un excellent weekend de camping et de promenades – retrouvant le plaisir de jouer avec des enfants et de boire un petit verre au coin du feu. Voilà nos batteries rechargées pour la suite de l’aventure!

7 – Un nouveau PC pour la route

Le 30 avril 2019, nous arrivons à Eugene, dans l’Oregon – chez mes amis Chris & Ellen (un couple que j’avais rencontré il y a 4 ans, et qui sont par ailleurs venus me rendre visite en Belgique mi-2016, lors de leur voyage de noces en Europe).

Nous nous installons dans le sympathique petit appartement de nos hôtes, j’allume mon PC portable (pour la mise à jour de notre “tableau de bord” de voyage), je commence à bosser et – PZIOUUU! – mon PC s’éteint. Nouvelle tentative, même résultat. Est-ce qu’il aurait surchauffé?! C’est plutôt ennuyant, en tout cas, car à chaque fois, je perds un peu de mon travail… 🙁

Je réessaie deux jours plus tard: toujours la même chose, mon vieil ASUS, acheté en 2015, s’éteint sans crier gare, et sans que je puisse identifier une action spécifique qui soit en cause. Ca m’énerve – j’ai besoin d’un PC pour la route, je décide donc d’en acheter un nouveau.

Chris et Ellen nous amènent dès lors au Best Buy (l’équivalent américain du Vanden Borre, héhé), et je me laisse conseiller par un sympathique vendeur. Rien d’exceptionnel à raconter en plus de tout ça – si ce n’est que c’est sur mon nouvel appareil (et son clavier QWERTY 🙂 ) que je vous écris ces quelques lignes. Après le téléphone portable péruvien (voir ici, anecdote #1), me voici donc en possession d’un ordinateur américain. Au niveau des prises de courant, c’est plutôt pratique pour le moment… mais j’aurai besoin d’un adaptateur une fois rentré en Europe! 😀

[PS: Et entre-temps, il semblerait que mon autre PC se soit remis de ses émotions – il n’a plus fait de siennes depuis Eugene! Clem l’a utilisé quelques fois, sans qu’il ne s’éteigne intempestivement… Aurais-je été un peu vite en besogne?! 🙂 Bah, ce nouveau PC me servira longtemps encore – et sera un super souvenir du voyage. :p ]

8 – L’homme de la situation!

Nous voilà à Eugene, dans l’Oregon. Dans la voiture en arrivant, on s’était dit qu’on profiterait peut-être d’être dans cette petite ville moins connue pour prendre un peu de repos… mais notre hôte Chris en aura décidé autrement. Il donne le ton dès notre arrivée: “J’ai pris congé les deux jours qui viennent, et j’ai plein d’idées pour des choses à faire ensemble!” Son enthousiasme est contagieux, et nous oublions bien vite nos envies de repos… 🙂

Pour notre première journée à Eugene, le 1er mai 2019, Chris propose de nous amener nous promener au Silver Falls State Park, situé à une petite heure et demie de route de chez lui. Nous acceptons volontiers, préparons nos sandwiches pour la route, et embarquons dans la voiture de notre hôte – parés pour l’aventure!

Après moins d’une demi-heure de route, un bruit étrange nous surprend soudain, et nous oblige à nous arrêter sur le bord de la route. Zut: le pneu arrière droit est crevé!

Personnellement, si cela nous était arrivé à Clem et moi avec notre voiture à nous, je me serais sans doute mis à paniquer. 🙂 Mais Chris est l’homme de la situation – il sait précisément ce qu’il a à faire! Il trouve dans le coffre le matériel dont il a besoin, et entreprend de remplacer la roue défectueuse par la roue de secours. Nous voyons notre ami déboulonner, reboulonner, se coucher sous sa voiture pour vérifier que tout est en ordre.

Moi par contre, du coup, j’aurai appris le mot anglais lugnut #linguiste

En 15 minutes top chrono, nous avons repris la route! Chris est confiant qu’on saura faire l’aller-retour jusqu’au parc sans souci avec cette roue de remplacement, et il passe d’ores et déjà un rapide coup de fil à son garagiste pour prendre rendez-vous le lendemain.

Affaire rondement menée! Quel homme! 😉

9 – Hallelujah!

Avant d’arriver à Seattle, qui sera notre dernière destination sur la partie américaine de la côte ouest, nous passons quelques jours tranquilles à Federal Way, une petite ville de l’état de Washington, coincée entre Seattle et Tacoma. Là-bas, nous sommes accueillis dans la magnifique maison de Suzanne et Luis – un couple qui m’avait déjà accueilli il y a quatre ans (et que je me réjouis de revoir).

Nous passons quelques jours bien tranquilles et prenons le temps de recharger nos batteries. Cependant, le dimanche matin, je me laisse séduire par la proposition de Suzanne: oui, je veux bien l’accompagner à la messe. C’est que je suis curieux de voir comment se passe un office par chez eux… 🙂

Pour cette excursion, Clem ne m’accompagnera pas. Elle profite d’être seule à la maison pour prendre du temps pour elle. Pour ma part, je monte dans la voiture de Suzanne. Pendant le trajet, elle me prépare à l’expérience qui m’attend: “Notre église est une église évangélique, tu vas voir, ça n’a rien à voir avec les églises catholiques auxquelles tu es habitué en Belgique!”

Et elle n’a pas tort… 🙂 Quand nous arrivons à l’église – appelée Overcomer Covenant Church – Suzanne m’explique qu’il y a tant de monde qui vient à la messe ici, que le dimanche matin deux services consécutifs sont organisés – à 09:00 et à 11:00. “En tout, il y aura bien 600 personnes qui transiteront par l’église ce matin,” m’explique-t-elle.

L’église – rien à voir avec une architecture ecclésiastique de chez nous

Je rentre dans le bâtiment en suivant mon hôte. Dans le hall d’entrée, je remarque un comptoir d’accueil (avec derrière les “réceptionnistes” un grand écran qui décompte les minutes jusqu’au début de l’office!), ainsi qu’une cafétéria. Hum, ça fait longtemps que je n’ai plus été à la messe en Belgique, mais c’est clair que ça ne ressemble en rien à ce à quoi j’ai été habitué dans ma jeunesse. 🙂

L’ensemble du décor est… très américain, en fait. Quand j’entre dans la grande salle en suivant Suzanne, je découvre au fond de la pièce une immense scène avec chanteurs et musiciens, ainsi que trois écrans géants. Il y a aussi des caméras, car la messe est retransmise en direct via Internet. (Logique!) Devant la scène s’étendent des rangées interminables de bancs – pas encore tout à fait remplies, mais accueillant déjà un nombre impressionnants de personnes. “Tu vas voir, les gens sont cool ici. On n’est pas super stricts sur l’horaire – des gens vont continuer à arriver pendant la demi-heure à venir.”

Je découvre ainsi l’organisation d’une messe évangélique. L’office dure 01:30 en tout, et commence par une demi-heure de worship (litt. “vénération, adoration”). Pendant cette partie, des chanteuses sont sur scènes, et égrènent des chansons en l’honneur de Jésus et du Seigneur – accompagnées par un groupe de rock complet (guitaristes, bassiste, batteur). Les paroles de chaque chanson s’affichent en mode karaoké sur le grand écran central – permettant à chacun de suivre.

Après le worship vient l’eucharistie. Tout le monde fait la file et reçoit un petit morceau de salt cracker (héhé) ainsi qu’une petite capsule de jus de raisin. “Ce n’est pas vraiment du vin, parce qu’il y faut que ce soit inclusif – or il y a dans notre communauté des gens qui ne boivent pas d’alcool, notamment des alcooliques en convalescence.”

Miam la bonne hostie! 🙂

Après l’eucharistie, la parole est à un couple de missionnaires. Ils viennent témoigner du travail de prosélytisme qu’ils ont réalisé et continuent de réaliser dans un pays d’Asie du sud-est. Pour soutenir leur propos, une vidéo est présentée, exhortant le public à faire eux aussi leur part du travail, en parlant de l’évangile autour d’eux.

Ensuite vient le clou du spectacle: un sermon par le pasteur ougandais Robert Kasozi. Ce dernier est déjà venu plusieurs fois à Federal Way, car la communauté de fidèles de la Overcomer Covenant Church l’ont aidé à fonder une école et une église dans son pays d’origine. Il s’exprime avec intelligence et esprit (ce qui explique sans doute son succès), faisant un sermon d’une demi-heure concernant la Foi, et la nécessité de “chercher” et de “connaître” Dieu pour “marcher” avec lui. Pendant qu’il parle, je vois Suzanne prendre des notes sur son téléphone portable. Je vois qu’elle a même une application “Bible” (véridique!), où elle peut retrouver facilement les versets dont le pasteur parle et mettre en évidence ses passages préférés.

Quand le sermon est terminé, les chanteuses montent à nouveau sur la scène. Cette fois, l’une d’elle a amené son synthétiseur, et c’est sur quelques notes de piano qu’on termine de chanter les louanges de Dieu. Le pasteur local termine l’office est rappelant aux gens comment il leur est possible de faire un don. (C’est notamment possible via les petites enveloppes disposées derrière chaque siège – via lesquelles ont peut payer en cash, mais aussi par carte de crédit!)

Quand la messe est finie, Suzanne me propose de me présenter à l’espace pour les “nouveaux membres”. En l’échange de mes coordonnées, je reçois un gros mug rouge arborant fièrement le nom de l’établissement. (Je reçois aussi un ticket pour un café offert à la cafétéria – que je n’aurai malheureusement pas le temps de faire valoir.) Je trimbalerai ce mug dans mon sac pendant plusieurs semaines après ça… jusqu’à ce que je parvienne enfin à m’en débarrasser “proprement”, en l’abandonnant dans notre dernier logement à Toronto. O:-)

Tout cela aura été une expérience bien intéressante. Au-delà du caractère irrationnel que revêt le message de l’église, cela m’a rappelé à quel point l’être humain a besoin de développer son sentiment d’appartenance, de se rassembler, de se sentir faire partie de quelque chose de plus grand que lui. Pour ma part, c’est notamment en voyageant que j’ai choisi de tisser des liens avec les gens et avec le monde. Et vous?! 🙂

10 – Attention, randonnée difficile

Fastforward d’une semaine – nous voilà en Colombie britannique. Nous avons loué une voiture au départ de Vancouver, et faisons 8 jours de road-trip dans la province.

Lorsque nous arrivons à Kelowna, dans la région de l’Okanagan, nous décidons de nous offrir une nuit dans un bed & breakfast – étant donné que ça fait trois nuits que nous dormons dans une voiture. 🙂 La maison où nous nous retrouvons est bien agréable, et si la dame qui nous a accueilli n’était pas très aimable, son mari – par contre – est très sympathique. Du coup, nous lui demandons conseil quant aux balades que nous pourrions réaliser dans la région, le lendemain.

Selon lui, un incontournable serait le parc qui borde le Rose Valley Lake – un petit lac proche de Kelowna, qui sert aussi de réserve d’eau potable à toute la ville. Notre hôte nous met cependant en garde: c’est une balade très sportive! A grands renforts de gestes, il nous indique que la route est ardue, qu’elle monte et qu’elle descend sans cesse.

“Vous avez l’air sportifs, donc vous devriez y arriver. Mais ce n’est pas évident!” explique-t-il. “La balade complète devrait vous prendre une heure et demie. Moi je mets une heure seulement, mais je suis bien entraîné,” ajoute-t-il, posant son pied sur le bord d’un tabouret et soulevant son pantalon pour dévoiler ses mollets.

Pour notre part, un peu de marche sportive ne nous fait pas peur. Depuis notre expérience dans le Canyon du Colca, au Pérou, nous nous disons que rien ne peut plus nous arrêter. 🙂 Nous ajoutons donc une balade au Rose Valley Lake Park à notre programme.

Quelle n’est pas notre surprise lorsque nous découvrons, le lendemain, l’une des promenades les plus tranquilles que nous ayons fait de tout notre voyage! Haha! 🙂 Les sentiers de la forêt sont parfaitement balisés et bien larges, le dénivelé est minimal, il n’y a pas de rochers à escalader, pas de marches à gravir. On se promène bien à notre aise… et on reconnait les points de repère indiqués par notre hôte, confirmant que nous sommes bel et bien à l’endroit dont il nous a parlé.

Nous nous rappelons de ses sages paroles: “Prenez avec vous de l’eau et, de préférence, de quoi manger – des barres de céréales voire des sandwiches. Vous avez l’air sportifs, mais on ne sait jamais…”

On l’avoue, on n’a pas suivi ces conseils à la lettre. Comme on a dîné avant la balade, on s’est aventuré dans la forêt sans beaucoup de provisions… Or, à présent qu’on voit de quoi il en retourne, on ne le regrette pas. On se serait senti un peu bêtes! 😀


Tim

Voyageur, rêveur, linguiste, musicien, animateur, formateur.

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